Vous reprendrez bien un peu de Baigan ka bharta ?

Vous reprendrez bien un peu de Baigan ka bharta ?

C’est une histoire au nom si étrange et long qu’elle tente aussi bien qu’il dérange. La couverture, aux couleurs d’Ikea, séduisant et suédois conquérant du monde moderne, atterrit sur nos tables, gaie comme un tapis «Gulört». La forme invite au sourire, qui s’étend avec le nom de l’histoire, tendre et perchée. Celle des aventures pittoresques d’un mystérieux indien, Ajatashatru Lavash, fakir de son état, et non de profession, donc, puisqu’il n’en restera pas là. Ce dernier, qui s’envole pour Paris afin d’acquérir un lit à clous, tombera sur deux fautes de goût nationales: un magasin Ikéa et un méchant contrôle de passagers clandestins à Calais, et qui aura tôt fait de le réexpédier vers un pèlerinage méditerranéen rocambolesque. La suite du périple sera semée d’embûches et de rencontres, au coeur desquelles ces héros de l’ombre, victimes pour les ONG, cibles ou menaces pour les autorités: les clandestins. L’indien observe, découvre, médite et frôle la surface du miroir de l’Occident, entre son rêve de troquer le turban contre une plume, et un réel ébouriffant. Et le charme y est, en une sorte d’initiation à la cruauté bizarre -mais logique puisque globish– de notre antique obsession des frontières. On y retrouve un peu de l’Hector naïf mais éclairé de François Lelord, qui lui recherchait le bonheur. Ajatashatru lui, trouve dans ce périple plusieurs chemins vers l’Autre, qui finiront par le mener ailleurs qu’à Rome, mais ça, c’est bien la même histoire, et il serait dommage de ne pas la lire.

57390530_11215383

L’Extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa, de Romain Puértolas

Partagez

Commentaires